Depuis son arrivée en 2021, Jackson Irvine incarne les valeurs du FC St. Pauli : antifascisme, solidarité, engagement social. Mais depuis l’été 2025, le capitaine australien est au cœur d’une affaire qui dépasse le cadre sportif. Entre pressions internes, accusations publiques et mise à l’écart prolongée, retour sur une séquence qui interroge l’identité même du club.
Juillet 2025 – Un été sous tension
Lors du stage de pré-saison à Flachau (Autriche), Jackson Irvine publie sur Instagram une photo où il apparaît avec un maillot “FC Palestine”, représentant les frontières d’avant 1948. Le geste, interprété par certains comme une négation de l’État d’Israël, déclenche une vague de critiques, notamment de la part de figures proches de la mouvance “antideutsch”, historiquement présente dans la scène ultra du club.
Le débat s’enflamme : certains y voient un acte de solidarité envers les civils palestiniens, d’autres une provocation politique. Irvine ne retire pas la photo, mais précise dans une interview qu’il condamne toute forme de violence et qu’il agit par conviction humaniste.
« J’ai toujours placé l’humanité avant tout. Je n’ai jamais rien fait dans ma vie, ni dans ce club, qui soit discriminatoire ou haineux envers quiconque. »
Août 2025 – Silence institutionnel et tensions internes
Malgré la polémique, le club ne publie aucun communiqué clair. Irvine est absent des premiers matchs de Bundesliga, officiellement pour une “réaction de stress au pied”. Mais plusieurs observateurs s’interrogent : son absence prolongée, combinée à l’arrivée de Joel Chima Fujita et à la titularisation de James Sands, semble entériner une mise à l’écart sportive.
Des fanclubs internationaux suspendent leurs activités, dénonçant une dérive idéologique du club. D’autres, comme le blog MillernTon, reprochent à Irvine de ne pas avoir explicitement réaffirmé le droit d’Israël à exister — préférant commenter ce qu’il n’a pas dit plutôt que ce qu’il a exprimé.
Septembre 2025 – Les attaques deviennent personnelles
Le 9 septembre, Jemilla Pir, compagne de Jackson Irvine, publie une photo du couple sur Instagram. Sous cette publication, un compte nommé rene.fcsp — identifié comme celui de René Born, membre du conseil de surveillance du club — commente :
« Niemand ist größer als der Klub. […] Du wirst in wenigen Monaten weg sein und für einen Euro mehr woanders spielen. »[1]
Ces propos, supprimés depuis, sont capturés par des captures d’écran et relayés par plusieurs médias (MoPo, OneFootball, T-Online). Jemilla Pir accuse publiquement Born de harcèlement moral et d’abus de pouvoir, affirmant que son compagnon est ciblé depuis plusieurs semaines par des pressions internes.
Le club réagit en déclarant que des entretiens ont eu lieu en interne et que la direction se distancie des propos tenus. Born aurait présenté des excuses à Irvine, mais aucune sanction officielle n’est annoncée.
Octobre 2025 – Le malaise persiste
Alors que St. Pauli enchaîne les matchs sans son capitaine, le malaise s’installe. Irvine reste en retrait, officiellement blessé. Le club ne communique pas sur son retour, sauf par l’intermédiaire des conférences de presse d’avant-match où Alexander Blessin déclare semaine après semaine que le retour de Jackson est encore prématuré, et les appels à la transparence se multiplient.
Le FC St. Pauli, club historiquement engagé, se retrouve face à une contradiction : peut-on défendre les droits humains sans être accusé de radicalisme ? Peut-on être capitaine et militant sans subir de représailles internes ?
Une affaire qui dépasse le football
Jackson Irvine n’a jamais appelé à la haine. Il a exprimé une solidarité envers les civils palestiniens, dans un contexte de guerre et de souffrance. Que cela suffise à déclencher une campagne de marginalisation interne, y compris de la part d’un dirigeant du club, interroge profondément l’identité politique du FC St. Pauli.
Le silence prolongé de la direction, l’absence de soutien explicite, et la mise à l’écart sportive du capitaine posent une question simple : le club est-il encore fidèle à ses principes ?
[1] « Personne n’est plus grand que le club. […] Tu seras parti d’ici quelques mois et tu joueras ailleurs pour un euro de plus ».