En juillet 2017, Hambourg devient l’épicentre d’un affrontement mondial : d’un côté, les puissants réunis pour le sommet du G20 ; de l’autre, des dizaines de milliers de manifestants venus contester l’ordre néolibéral. Au cœur de cette mobilisation, le FC St. Pauli et sa scène fan jouent un rôle décisif — transformant le Millerntor en refuge, en centre logistique, en symbole vivant d’une autre vision du monde.
🔥 Un sommet sous haute tension
Les 7 et 8 juillet 2017, les chefs d’État des vingt plus grandes puissances économiques se réunissent à Hambourg. Le choix de la ville, et surtout du quartier de St. Pauli — bastion de la contre-culture et de l’antifascisme — est perçu comme une provocation. Les autorités déploient plus de 31.000 policiers, quadrillent la ville, interdisent les camps de protestation et transforment des zones entières en espaces sécuritaires où toute manifestation est proscrite.
Face à cette militarisation, la mobilisation s’organise. Des dizaines de collectifs, syndicats, ONG et groupes autonomes convergent vers Hambourg. Parmi eux, la scène fan du FC St. Pauli, emmenée par Ultrà Sankt Pauli (USP), le Zeckensalon et le Fanladen, joue un rôle moteur dans la résistance.
🏟️ Le Millerntor, refuge et quartier général
Le 6 juillet, alors que les autorités interdisent l’installation de tentes dans les parcs prévus pour les manifestants, le FC St. Pauli prend une décision historique : ouvrir les portes du stade Millerntor pour accueillir les protestataires.
- 200 places de couchage sont aménagées dans la tribune principale
- Les sanitaires et douches sont mis à disposition
- Une cuisine mobile est installée pour nourrir les occupants
- Un centre de presse alternatif est hébergé dans les locaux du club
Sous le slogan “Yes, we camp!”, le club affirme son soutien aux droits fondamentaux : liberté d’expression, droit de manifester, solidarité internationale. Le président et le conseil de surveillance publient un communiqué clair : “Nous envoyons un signal fort pour les droits humains et la démocratie.”
✊ La scène fan en première ligne
Bien avant le sommet, les fans du FCSP avaient lancé l’alerte. En avril 2017, lors du match contre Heidenheim, un G20 Action Day est organisé dans le stade : banderoles, chants, tracts, et une manifestation post-match vers les halls du sommet. Le message est limpide : “St. Pauli bleibt unbequem” — St. Pauli reste indocile.
Pendant la semaine du sommet :
- Les Ultras participent aux cortèges, notamment à la marche “Welcome to Hell”
- Le Fanladen coordonne l’accueil des fans internationaux venus manifester
- Des ateliers de formation à la désobéissance civile sont organisés dans les locaux du club
- Des actions artistiques et musicales ont lieu dans le stade et ses abords
Le club devient un point de convergence pour les activistes, les journalistes indépendants, les collectifs de soin et les groupes de soutien juridique.
🚨 Répression et solidarité
La mobilisation est massive : plus de 76.000 personnes participent aux manifestations. Mais la répression est brutale : gaz lacrymogènes, canons à eau, arrestations arbitraires. Le quartier de St. Pauli est bouclé, les affrontements se multiplient, notamment autour de la Rote Flora et de la Schanzenstraße.
Le FC St. Pauli maintient son soutien :
- Le Millerntor reste ouvert malgré les pressions
- Des médecins bénévoles soignent les blessés dans les locaux du stade
- Le club relaie les appels à la libération des manifestants arrêtés
- Des collectes de fonds sont organisées pour les frais juridiques
L’ancien entraîneur du club, Ewald Lienen, participe lui-même aux cortèges et prend la parole dans les médias pour défendre les droits des manifestants.
🌍 Un impact international
L’implication du FCSP dans la résistance au G20 fait le tour du monde. Des groupes de fans de New York, Glasgow, Naples, Tokyo saluent l’initiative. Le club devient un modèle de football engagé, à rebours du foot-business aseptisé.
Des articles paraissent dans Le Parisien, VICE, CrimethInc., DW, soulignant le rôle unique du club dans la mobilisation. Le Millerntor est décrit comme un “bastion de la démocratie”, un “refuge pour les utopies”, un “stade devenu agora”.
🧩 Conclusion : football et résistance
Le G20 de Hambourg 2017 restera comme un moment charnière dans l’histoire du FC St. Pauli. En ouvrant son stade, en mobilisant ses fans, en affirmant ses valeurs, le club a prouvé que le football peut être un outil de transformation sociale, un espace de solidarité, un levier de résistance.
À St. Pauli, le football ne se joue pas seulement sur le terrain — il se joue dans les rues, dans les tribunes, dans les cœurs. Et face aux puissants, il brandit ses couleurs : brun, blanc et noir, avec une tête de mort et un poing levé.