Il est des dirigeants qui incarnent une vision, une ligne, une promesse. Oke Göttlich, président du FC St. Pauli depuis 2014, est de ceux qui ont su faire du poste de président bien plus qu’une fonction administrative : un levier pour défendre un football éthique, solidaire et démocratique. Ce portrait retrace son parcours, ses engagements et son rôle central dans la transformation du FCSP en club pionnier.
🎧 Des racines musicales et journalistiques
Né le 28 novembre 1975 à Hambourg, Oke Göttlich grandit entre Wilhelmsburg et Sankt Peter-Ording. Avant de plonger dans le monde du football, il explore d’autres univers : il fonde en 1999 le label Nonplace Records, dédié aux musiques électroniques et offbeat, puis co-crée en 2003 Finetunes, une plateforme de distribution musicale indépendante. Parallèlement, il est journaliste sportif à la Taz, où il couvre notamment le FC St. Pauli — déjà avec un regard critique et engagé.
🏟️ L’entrée au FCSP : une révolution douce
Le 16 novembre 2014, Göttlich est élu président du FC St. Pauli avec 831 voix sur 1064. Il succède à Stefan Orth et promet un club plus transparent, plus participatif, plus fidèle à ses valeurs. Très vite, il impulse une dynamique nouvelle : dialogue avec les fans, refonte des structures, défense du modèle associatif. Il devient aussi membre du comité exécutif de la DFL en 2019, portant la voix du FCSP dans les instances du football allemand.
🧭 Une vision politique du football
Göttlich ne cache pas ses convictions : pour lui, le football est un espace de responsabilité sociale. Il refuse les naming rights, les sponsors douteux, les investisseurs opaques. Il défend une économie solidaire, où les recettes servent à renforcer les infrastructures, les équipes amateurs, les projets éducatifs. En 2024, il lance une coopérative populaire permettant aux fans d’acheter des parts du club — une initiative qui récolte près de 30 millions d’euros, avec un principe simple : une voix par personne, quel que soit le montant investi.
🏴☠️ Le FCSP comme laboratoire démocratique
Sous sa présidence, le FC St. Pauli devient un modèle alternatif dans le football professionnel. Le club s’engage pour les droits humains, l’inclusion, l’écologie, et développe des projets comme le Rabauken-Club, la footballschule, ou encore le soutien aux réfugiés via le FC Lampedusa. Göttlich insiste sur la co-construction des décisions, avec les membres, les bénévoles, les salariés. Il parle d’un club “streitbar” — capable de débattre, de se remettre en question, mais toujours fidèle à ses principes.
⚽ Un président au service du collectif
Göttlich ne se met jamais en avant. Il valorise le travail des autres : les entraîneurs (Hürzeler, Blessin), les responsables sportifs (Bornemann), les bénévoles, les membres du conseil. Il parle souvent de “responsabilité partagée”, et rappelle que le FCSP ne peut exister que par la mobilisation de toutes ses composantes. Il est aussi lucide sur les défis : concurrence inégale en Bundesliga, pression financière, attentes croissantes. Mais il refuse de céder à la logique du profit à tout prix.
🏴☠️ Le capitaine d’un autre navire
Oke Göttlich, c’est l’idée qu’un président peut être un passeur de valeurs, un facilitateur, un gardien d’éthique. Son parcours atypique — entre musique, journalisme et football — lui donne une sensibilité rare, une capacité à penser autrement. Au FC St. Pauli, il a su réconcilier performance sportive et engagement social, dans un modèle qui inspire bien au-delà du Millerntor.