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Pourquoi les fans du FCSP ne peuvent se taire à propos de la Palestine

Depuis des mois, le sujet agite et secoue notre scène des fans. Aujourd’hui, il y a un risque évident que notre Kapitän, Jackson Irvine, digne représentant de notre culture engagée et solidaire, ne quitte le club en raison de désaccords politiques… ce serait un tremblement de terre dans notre histoire de luttes et de soutiens aux causes nobles (comme celle du Rojava, par exemple). Voici un plaidoyer pour que les esprits retrouvent le chemin de la raison antifasciste et se solidarisent avec un peuple martyr.

✊ Silence complice ou parole solidaire — Pourquoi un·e fan antifasciste du FC St. Pauli ne peut rester muet·te face à l’injustice

Être fan du FC St. Pauli n’a jamais été une affaire de neutralité. Depuis les ruelles du quartier portuaire jusqu’aux tribunes du Millerntor, le club s’est construit comme un bastion d’engagement : contre le racisme, contre l’homophobie, contre l’autoritarisme, contre le capitalisme dévorant. C’est cette identité — rugueuse, indocile, humaine — qui rassemble des milliers de voix sous la même bannière brune et blanche. Et pourtant, aujourd’hui, une fracture traverse ce front de luttes : la question de la Palestine.

Depuis le 7 octobre 2023, et l’attaque menée par le Hamas suivie d’une réaction militaire israélienne d’une violence inouïe, le silence est devenu assourdissant dans certaines franges de notre scène. Non parce que nous ne savons pas, mais parce que la peur d’être mal compris, accusé, amalgamé, paralyse la parole. Et pourtant… le devoir de cohérence politique nous rattrape.

Un·e fan antifasciste ne peut détourner les yeux devant les massacres, les blocus, les bombardements. Le colonialisme, même travesti sous des justifications sécuritaires ou historiques, reste du colonialisme. Les enfants ensevelis sous les ruines de Rafah valent ceux de Sderot. Le deuil ne se hiérarchise pas. La souffrance ne se classe pas en fonction d’une carte d’identité.

Ce que nous appelons solidarité, ce n’est pas choisir un camp ethnique ou national, c’est choisir la vie, la justice, la dignité.

Une manifestation de soutien à la Palestine dans les tribunes du Millerntor à l’occasion du match amical contre l’Atalanta

🤝 Des divergences, pas des ennemis

Mais affirmer cela ne signifie pas effacer les blessures historiques allemandes. Le poids de l’Holocauste, la vigilance face à l’antisémitisme, la méfiance vis-à-vis de tout relativisme : tout cela est légitime. Et cela explique en partie le soutien inconditionnel que certains groupes, notamment influencés par le courant “Anti-Deutsch”, accordent à Israël et à son gouvernement ouvertement fasciste.

Ce que nous remettons en question, ce n’est pas la mémoire, mais l’instrumentalisation d’une mémoire pour justifier l’impunité d’un État.

La tribune du Millerntor n’a pas vocation à être homogène. Nous n’avons pas tous les mêmes lectures, les mêmes sensibilités, les mêmes combats prioritaires. Et c’est tant mieux. Mais la pluralité ne peut pas servir d’alibi à la complaisance avec l’oppression. Le respect mutuel ne signifie pas silence devant l’inacceptable. Un mouvement antifasciste fort est un mouvement capable d’autocritique, de débat, de confrontation… sans haine.

Car haïr son voisin de tribune parce qu’il ne partage pas son point de vue, c’est déjà perdre la partie. Ce n’est pas dans la guerre des egos qu’éclot la conscience politique, mais dans la tension féconde entre convictions assumées et écoute active.

📢 Cohérence et courage

Militer, ce n’est pas choisir le confort. C’est assumer l’inconfort de parler, même quand c’est risqué. Être antifasciste, ce n’est pas brandir des slogans tout faits, c’est interroger constamment les rapports de pouvoir, où qu’ils se trouvent. Et aujourd’hui, en Palestine, ce pouvoir tue.

Alors oui, nous avons le droit — mieux, le devoir — de parler. De dire que soutenir la Palestine n’est pas nier les souffrances juives. De dire que condamner les exactions du Hamas ne rend pas aveugle au régime d’apartheid imposé par l’État israélien.
De dire que la cohérence politique, ce n’est pas choisir les victimes selon les catégories géopolitiques, mais refuser l’inhumain partout où il frappe.

La tribune n’est pas une zone neutre. Elle est un écho. À nous d’en choisir la fréquence.