Le FC St. Pauli, le club de football emblématique de Hambourg, est reconnu pour ses valeurs progressistes et son engagement social. Cependant, ces valeurs ont été mises à l’épreuve par les positions politiques divergentes de deux de ses anciens joueurs turcs : Deniz Naki et Cenk Sahin. Leurs parcours au sein du club illustrent les tensions entre engagement politique et sport.
Deniz Naki : Un partisan de la liberté des peuples kurdes
Deniz Naki, né en Allemagne de parents kurdes, a rejoint le FC St. Pauli en 2009. Dès le début, Naki s’est distingué non seulement par ses performances sur le terrain, mais aussi par son engagement politique. Il a ouvertement soutenu la cause kurde, ce qui lui a valu des ennuis, notamment en Turquie. En 2016, alors qu’il jouait pour Amed SK, un club basé dans une région à majorité kurde, Naki a été suspendu pour avoir exprimé son soutien au PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan) sur les réseaux sociaux.
Naki a également été victime d’attaques racistes et de menaces de mort en raison de ses prises de position. En 2018, il a été banni du football professionnel en Turquie pour avoir diffusé de la « propagande séparatiste et idéologique ». Malgré ces défis, Naki a continué à défendre les droits des Kurdes, devenant une figure emblématique de la résistance kurde.
Cenk Sahin : Un soutien de l’agression militaire turque
En contraste, Cenk Sahin, qui a rejoint le FC St. Pauli en 2016, a exprimé des opinions politiques diamétralement opposées. En octobre 2019, Sahin a publié sur Instagram un message de soutien à l’armée turque lors de son offensive militaire contre les Kurdes en Syrie. Cette déclaration a provoqué une réaction immédiate et intense de la part des supporters du FC St. Pauli, connus pour leur opposition à toute forme de militarisme et de nationalisme.
Réactions et conséquences
La direction du FC St. Pauli a réagi rapidement aux déclarations de Sahin. Après des discussions internes et des consultations avec les fans, le club a décidé de libérer Sahin de ses obligations d’entraînement et de jeu. Cette décision a été prise en raison de la contradiction flagrante entre les valeurs du club et les opinions exprimées par Sahin. Le club a souligné que les actes de guerre et le soutien à ces actes étaient incompatibles avec les principes de tolérance et de paix du FC St. Pauli.
En revanche, malgré les controverses entourant Deniz Naki, le club et ses supporters ont largement soutenu son droit à la liberté d’expression. Naki a été perçu comme un symbole de la lutte pour les droits humains et la justice sociale, des valeurs chères au FC St. Pauli.
Un club, deux visions
Les cas de Deniz Naki et de Cenk Sahin illustrent les défis auxquels le FC St. Pauli est confronté en tant que club engagé politiquement. D’un côté, le soutien à Naki a renforcé l’image du club comme bastion de la résistance et de la solidarité avec les opprimés. De l’autre, la réaction rapide et ferme contre Sahin a montré que le club ne tolère pas les opinions qui vont à l’encontre de ses valeurs fondamentales.
Pour conclure ces portraits croisés, on soulignera le fait que les parcours de Deniz Naki et de Cenk Sahin au FC St. Pauli mettent en lumière les tensions entre sport et politique. Ils montrent également comment un club peut naviguer dans ces eaux tumultueuses tout en restant fidèle à ses principes. Le FC St. Pauli continue d’incarner un modèle de club où les valeurs de tolérance, de paix et de justice sociale priment sur tout le reste.