Sankt Pauli vu par le cinéma italien : camelots, combines et conscience sociale
📌 Fiche technique
| Titre original : I Magliari
| Titre français : Profession Magliari
| Réalisateur : Francesco Rosi
| Scénario : Francesco Rosi, Suso Cecchi D’Amico, Giuseppe Patroni Griffi
| Acteurs principaux : Renato Salvatori, Alberto Sordi, Belinda Lee
| Production : Franco Cristaldi
| Pays : Italie
| Genre : Drame social / Comédie à l’italienne
| Durée : 107 minutes
| Sortie : 1959
📖 Synopsis détaillé
Mario Balducci, jeune immigré italien sans ressources, erre dans les rues de Hanovre à la recherche d’un travail. Il croise Totonno, camelot napolitain hâbleur et roublard, qui l’introduit dans le monde des magliari — vendeurs de tissus de mauvaise qualité, experts en combines et en survie.
Très vite, Mario découvre que Totonno prépare un coup : quitter Hanovre pour Hambourg, et surtout Sankt Pauli, où il espère monter sa propre affaire en s’affranchissant de son patron mafieux, Don Raffaele. Le groupe s’installe dans le quartier rouge, entre boîtes de nuit, bars interlopes et rues enfiévrées. Là, Mario tombe amoureux de Paula Mayer, femme mystérieuse au passé trouble, tandis que les tensions entre les Italiens et les Polonais dégénèrent.
Le film alterne scènes de séduction silencieuse, embrouilles de rue, et moments de désillusion. Les pneus crevés, les regards échangés, les coups de feu dans la nuit : tout participe d’un climat de précarité et de tension, où chacun tente de garder sa dignité.
🧭 Pourquoi ce film parle à un passionné de St. Pauli
- Sankt Pauli comme décor vivant : Rosi filme le quartier non pas comme une carte postale, mais comme un espace de lutte — entre désir et survie, entre combine et solidarité. Les rues de la Reeperbahn, les bars, les visages fatigués : tout y est.
- Une Europe des marges : Le film montre des Italiens en Allemagne, confrontés à l’exil, au racisme, à la débrouille. C’est une Europe populaire, transnationale, qui fait écho à l’histoire du FC St. Pauli — club de dockers, de réfugiés, de résistants.
- Une conscience sociale sans didactisme : Rosi ne moralise pas. Il montre les contradictions, les failles, les élans. Totonno est à la fois escroc et protecteur. Mario est naïf mais lucide. Paula est blessée mais libre. C’est cette complexité qui fait écho à l’esprit du club : ni héros, ni salauds — juste des gens qui tiennent debout.
- Une esthétique brute et poétique : Les scènes nocturnes dans Sankt Pauli, les silences entre les personnages, les regards échangés dans les bars : tout cela compose une poésie de la rue, une beauté rugueuse qui rappelle les tribunes du Millerntor.
🗣️ Assister à ce film classique aujourd’hui
I Magliari n’est pas un film sur le FC St. Pauli — mais c’est un film du quartier, de l’époque, de l’esprit. Il parle de ceux qui vivent en marge, qui bricolent leur destin, qui aiment malgré tout. Pour un passionné du club, c’est une plongée dans un passé qui éclaire le présent. Un classique à voir, à revoir, et à faire circuler dans les cercles du Kiez.